Thứ Ba, 28 tháng 8, 2012

(3) LES ORIGINES DE L'INFLATION DU VIETNAM D'APRES L'APPROCHE MONETARISTE

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(3) LES ORIGINES DE L'INFLATION DU VIETNAM D'APRES L'APPROCHE MONETARISTE:


section iI - Les guerres et tensions militaires -  un premier facteur de la détermination des recettes budgétaires du Vietnam

            Selon l'expérience mondiale, au cours de la période de guerre, les dépenses publiques augmentent, et elles entraînent une hausse des recettes publiques[1] parce que la guerre est la formule unique de la mobilisation fiscale et de l'emprunt en grande envergure que se justifient les politiciens[2]. Au Viêt-nam, en période de l'après-guerre avec les Etats-Unis 1976-84, des guerres et des tensions militaires avec le Cambodge et la Chine sont permanentes, le taux des recettes publiques restait toujours au niveau très élevé comme on l'a vu dans la première section. Plusieurs études ont estimé que l'état de la guerre a un effet important sur le prélèvement public du Viêt-nam[3]. Cela nous demande d'avoir une analyse spécifique pour expliquer l'influence de l'état de guerre et de tension militaire permanente sur le prélèvement public du Viêt-nam.

    1. L'impact de la guerre sur les recettes budgétaires
             - expériences mondiales et théories

            a) Les expériences mondiales sur l'impact de la guerre sur le prélèvement public

            Le monde a vu plusieurs guerres, notamment les deux grandes guerres mondiales, et leurs influences sur l'activité budgétaire de l'Etat. Des études ont été faites pour le cas des pays industrialisés[4]. Pour le cas français, les conclusions générales tirées de ces études sont que les dépenses et les recettes budgétaires françaises ont été fortement influencées par les deux guerres mondiales, surtout après chaque guerre mondiale, les recettes et dépenses publiques françaises sont nettement en baisse par rapport aux périodes de guerres[5]. Pour les quatre grands pays (la France, l'Allemagne, la Grande-Bretagne, les Etats-Unis), pendant la seconde guerre mondiale, l'impôt a joué un rôle plus important qu'au cours de la première guerre, comme moyen de couverture des dépenses globales[6]. En Grande Bretagne, par la conséquence de la guerre, associée à l'accroissement ensuite de l'inflation, le gouvernement a dû augmenter la contribution fiscale des ouvriers pour financer la demande nécessairement augmentée[7]. Dans le cas de la Suisse, pendant les périodes de guerres, l'action des pouvoirs publics s'accroît, ce qui se traduit par l'élévation du niveau des dépenses et par l'alourdissement de la ponction fiscale[8].

            Certaines guerres récentes dans le monde justifient aussi la relation positive entre guerre et prélèvement public. Le tableau 1.6 indique le prélèvement public du gouvernement américain augmente en période du bombardement dans le Nord du Viêt-nam (1967-69), et en période de la libération du Sud par le Nord (1973-75). Les recettes budgétaires du gouvernement central augmente également en ces périodes. Dans le cas de la Grande Bretagne, la tension militaire suivie par la guerre avec l'Argentine en 1982 a provoqué un accroissement de son taux de prélèvement public par rapport au PIB.

            Tableau 1.6: Le prélèvement public par rapport au PIB, Etats-Unis et Angleterre (%)
Etats-Unis
1965
1967
1969
1971
1972
1973
1974
1975
1976
1977
1978
- Budget total
 26,5
 28,1
 30,1
 28,8
   na
 29,7
  na
 30,3
 29,3
  na
  na
- Gouve. central





 19,2
 20,0
 19,4
 18,5
 19,4
 19,4
Grande Bretagne
1977
1978
1979
1980
1981
1982
1983
1984
1985
1986
1987
- Recettes / PIB
34,8
 33,1
 33,0
 35,7
 36,4
 38,8
 37,8
 38,0
 37,9
 37,8

- Dépenses
38,3
 38,4
 38,8
 40,6
 41,5
 42,7
 42,5
 41,5
 41,3
 39,9  

Sources: - FMI, International Financial Statistics, Yearbook 1989,
            - Wiseman J. (1980) "Comparative Aspects of the Taxation of Business in The United
              Kingdom and Germany", Anglo-Germany Foundation, London, p.7
           
            La guerre crée encore le processus d'inspection, qui apporte au gouvernement et aux habitants des nouvelles connaissances sur la nature de la société, par exemple, les guerres récentes ont créé une attention sur l'inefficacité du système d'éducation, des services médicaux et des conditions de logement[9], ou bien l'offre des services sociaux durant la seconde guerre mondiale devient une partie intégrale des efforts et objectifs de guerre de la Grande Bretagne, même le développement des services médicaux nationaux est aussi le résultat direct des bombardements dans la guerre[10]. Ainsi, la guerre accroît les recettes et dépenses budgétaires, mais aussi l'efficacité de leur utilisation. En bref, la guerre a une relation positive avec l'activité de recettes et de dépenses budgétaires.

         b) Les théories sur l'impact de la guerre sur le prélèvement public

            Normalement, lorsque la société n'est pas assujettie à des pressions non-usuelles, l'idée des habitants sur la charge tolérable de la taxation, transmise dans l'idée des taux fiscaux raisonnables, tente à être faible, et il est possible d'avoir certaines connections entre taux de croissance économique réel et celui des recettes budgétaires, mais ce dernier ne devrait pas dépasser celui de croissance économique[11]. Ainsi, il peut exister une divergence entre l'idée de la dépense publique désirable et celle de la limitation de la taxation, et cette divergence ne peut se réduire qu'en cas de l'apparition des troubles sociales, telles que les guerres[12]. C'est à dire, il existerait une pression fiscale maximale acceptée par la population, dont le niveau varierait très lentement, sauf en période de guerre ou de crise économique profonde après laquelle, le niveau nouvellement atteint serait accepté mais demeurerait sensiblement inchangé jusqu'à la crise suivante[13].
            Pour expliquer l'augmentation de l'activité budgétaire en période de guerre, certaines théories financières ont été nées, l'une des théories le plus souvent évoquées dans l'analyse de finances publiques en période de guerre est connue sous le nom de "l'effet de déplacement", énoncée par Peacock et Wiseman[14]. Cette théorie est plutôt centrée sur l'évolution des dépenses publiques[15]. Selon ces auteurs, l'effet de déplacement se compose de deux aspects, d'une part, il existe un écart persistant entre les dépenses publiques et les recettes budgétaires, mais des crises nationales de grande échelle, telles que les guerres, sont susceptibles de réduire cet écart[16] parce qu'elles créent un objectif commun entre le gouvernement et le public, donc les habitants acceptent de contribuer un taux fiscal intolérable, plus élevé par rapport au taux normal[17]. En fait, la guerre détruit les conceptions fiscales établies et produit un effet de déplacement; les habitant acceptent, dans les périodes de crises, des taux fiscaux et méthodes d'augmentation des revenus du gouvernement qu'en périodes normales, ils estiment intolérable et cette acceptation reste jusqu'à la fin des crises[18]. Ainsi, ces bouleversements peuvent engendrer un effet de déplacement augmentant à la fois le niveau des recettes et des dépenses publiques[19]. Cependant, une fois que la crise terminée, la charge fiscale redevient tolérable, ainsi que les dépenses restent à un niveau supérieur à celui d'avant la crise[20], cela reconduit à la situation de l'écart entre recettes et dépenses, c'est à dire un accroissement des déficits budgétaires. Le deuxième aspect de l'effet de déplacement est le processus de concentration, qui concerne non seulement le changement de la quantité des dépenses budgétaires, mais aussi celui de ses structure, notamment la structure des dépenses entre le gouvernement central et les autorités locales, entre l'investissement productif et les dépenses à l'éducation et la santé[21].
            Selon Peacock, les exigences de guerre produisent des améliorations significatives de l'administration fiscale en faveur de l'augmentation du revenu budgétaire, qui n'est pas imposée politiquement auparavant, mais peut être faite dans la guerre sans protestation[22]. Après la guerre, les dépenses budgétaires continuent au niveau plus élevé que celui d'avant la guerre, mais on voit apparaître un commencement de la divergence entre l'idée des dépenses désirables et la taxation tolérable[23].
            Avec cette théorie, Peacock et Wiseman affirment que les dépenses budgétaires du gouvernement anglais les plus élevées dans les périodes de guerres résultent de l'effet de déplacement[24], notamment, l'augmentation des taux fiscaux pendant la seconde guerre mondiale est largement acceptée par tant les habitants que les partis politiques[25].
            Le Viêt-nam peut être un cas satisfait de cette théorie, notamment le mécanisme de formation du prélèvement public du Viêt-nam aux périodes de guerres et de tensions militaires ne respecte pas les principes de l'économie de marché et n'est pas influencé par des pressions de l'opinion sociale comme dans les sociétés démocratiques. On peut imposer facilement les taux fiscaux nécessairement élevés pour répondre la demande de dépense du gouvernement dans une économie commandée où le secteur public occupe une proportion absolue et l'Etat contrôle administrativement tous les prix du secteur public et la plupart des prix dans le secteur privé[26]. En fait, en créant activement les prix de ciseaux très favorables au secteur économique étatique et augmentant le taux de transfert public, l'Etat vietnamien, comme ailleurs dans certains pays socialistes, peut augmenter ses recettes fiscales, prélever le secteur économique privé, surtout l'agriculture, pour servir la demande de la guerre ou développer l'industrie, notamment l'industrie lourde. Les taux de recettes publiques très élevés existaient dans les anciens pays socialistes sont preuves incontestables. Le taux de prélèvement public en Union Soviétique est spécialement élevé dans les périodes de guerres ou de l'industrialisation rapide. La Chine a maintenu un taux de prélèvement public plus de 30% pendant une très longue période, il reste encore 34,8 en 1978 et 31,7% en 1979, les années du début de grande réforme vers l'économie de marché[27]. Ce taux du Viêt-nam dans cette période est aussi plus élevé que celui des pays en développement.

            2. L'Etat de guerres et de tensions militaires permanentes
                au Vietnam après la réunification du pays en 1975.

            Comme tout le monde l'a su, le Viêt-nam, pendant trente ans 1945-1975, a du passer les deux grandes guerres cruelles: avec les Français en période 1945-1954, finie par la campagne de Dien Bien Phu, et avec les Américains en période 1955-1975, finie par la campagne de Ho Chi Minh, le Sud-Vietnam est libéré et le pays s'est réuni. Ces guerres ont laissé des dégâts terribles pour la population vietnamienne[28].
            Sorti de la guerre avec les Américains, le gouvernement vietnamien a réalisé une vague de démobilisation de série. En 1975-1976, des centaines milles de soldats sont démobilisés, plusieurs divisions ont passé à la construction économique, notamment à la construction de l'infrastructure à la campagne et au développement de l'économie du Haut-Plateau, où la terre est très fertile et favorable aux plantes industrielles.
            Cependant, la paix existait très courte au Viêt-nam. A partir du printemps 1977, surtout depuis Septembre de cette année-là, l'armée khmère rouge commence à attaquer les provinces au long des frontières vietnamo-cambodgiennes avec des actions très cruelles et une grande envergure. La situation militaire redevient tendue aux frontières du Sud. L'Etat vietnamien a du remobiliser l'armée. Depuis Février 1978, devant l'agression sauvage des khmères rouges, les soldats vietnamiens ont été autorisés de riposter jusqu'au 10 km maximal dans le territoire du Cambodge. Pourtant, chaque fois que l'armée vietnamienne retire au Viêt-nam, l'armée khmère rouge réattaque et réfranchit à la frontière, cela fait beaucoup de pertes humaines et matérielles pour le côté vietnamien. Enfin, en Décembre 1978, le gouvernement vietnamien a décidé de libérer le Cambodge du régime de khmère rouge après trois ans de supporter ses actions agressives.
            En même temps, les tensions en le Viêt-nam et la Chine ont apparues et se sont rapidement accélérées. Le point tournant de ces tensions est l'événement de départ vers l'étranger de la communauté Hoa (vietnamiens d'origine chinoise) en 1978. En suite, tout de suite après la libération du Cambodge en Janvier 1979, la guerre vietnamo-chinoise s'est explosée en Février 1979, cela commence les tensions militaires permanentes aux frontières vietnamo-chinoises jusqu'en 1988-89, date du retraitement total des troupes soldats vietnamiens du Cambodge et du commencement des négociations de normalisation de relation avec la Chine. La guerre sino-vietnamienne de 1979 est brève, mais sanglante, suivie par les conflits militaires dans les régions des îles Paracel et...[29]
            Ainsi, depuis 1977 jusqu'en 1989, le Viêt-nam était toujours en état de tensions militaires au deux débuts du pays. Il doit soutenir un effort militaire important dès 1979, avec une guerre frontière contre la Chine au Nord et une intervention controversée au Cambodge à l'ouest pour mettre fin à la dictature sanglant de Polpot[30]. Depuis 1990 jusqu'à maintenant, il reste toujours les tensions de territoire de mer avec la Chine et les assassinats des vietnamiens au Cambodge qui font créer plusieurs tours de négociations sans résultats concrets.
            Les guerres et les tensions militaires permanentes durant les années 1977-1989 avec la Cambodge et la Chine a réclamé au gouvernement beaucoup de financement budgétaire parce que l'effectif militaire augmente très vite, les nouvelles institutions militaires sont créées et les anciennes institutions militaires ont été renforcées. Tous ces développements militaires ont fait augmenter les demandes d'équipements et de fournitures qui influencent fortement le niveau et la structure des recettes budgétaires. Dans cette situation, on peut croire que les guerres et tensions militaires permanentes à l'époque ont devenu un déterminant important du prélèvement public du Viêt-nam[31]

             3. L'impact des guerres et tensions militaires sur
                 l'évolution des recettes budgétaires du Vietnam

            Pour répondre la demande financière des guerres, comme à l'époque des guerres avec les français et les américains, le gouvernement vietnamien repose principalement sur l'aide militaire des pays socialistes, notamment l'Union Soviétique. Depuis 1977, le Viêt-nam devient un membre officiel du bloc COMECON, cela renforce l'aide soviétique au Viêt-nam après une courte période de baisse dramatique 1975-77. La valeur d'aide militaire, principalement sous la forme d'équipement militaire, est équivalente à un milliards de dollars par an en période 1977-80.
            Cependant, le Viêt-nam doit charger toutes les frais d'alimentation, plusieurs sortes d'équipement légère et les frais sociaux des guerres, y compris l'aide humanitaire et militaire pour le gouvernement cambodgien créé par l'armée vietnamienne. Cela exige le gouvernement vietnamien d'appliquer une politique de prélèvement public appropriée afin d'avoir une ressource budgétaire nécessaire. En général, l'objectif de la politique fiscale dans cette période est de mobiliser maximalement les ressources financières dans la société pour créer un budget fort qui peut servir les objectifs militaires et économiques du gouvernement.
            Le graphique 1.2 nous prouve l'influence importante des guerres sur le taux des recettes budgétaires sur le revenu national productif du Viêt-nam au cours des années de guerres. Avant 1975, bien que la plupart des frais militaire et civil proviennent de l'Union soviétique, de la Chine et d'autres pays socialistes, la charge public supportée par les habitants augmente fortement pendant les années de guerre, surtout dans les périodes les plus militairement tendues 1959-63 (la construction du piste Ho Chi Minh et les combats au Sud), 1966-1967 (les bombardements américains au Nord), 1971-1975 (la libération du Sud) et 1976-79 (les guerres avec le Cambodge et la Chine).

        Graphique 1.2: Les taux des recettes budgétaires (bleu) et de l'aide
 étrangère (rouge) par rapport au revenu national productif (%)

            Le tableau 1.1 indique que le taux de prélèvement public sur le PIB était toujours au niveau très élevé, notamment dans les deux ans 1977-78 (environ 26,3%) où la guerre au sud s'était produite et les tensions militaires au Nord se sont multipliées. En 1979, ce taux a baissé à 22,8% du fait que la production baisse de -2% puisque le gouvernement vietnamien a du déplacer plusieurs usines du Nord au Sud et plusieurs autres entreprises stoppaient de fonctionner pendant et après les guerres. Dans le secteur privé et à la campagne, la production était également en baisse à cause de la guerre. Ainsi, la guerre et ensuite, l'état de tension militaire font le taux de prélèvement public du Viêt-nam être toujours au niveau élevé pendant la période 1976-84.
            Cependant, les recettes budgétaires en termes réels du gouvernement vietnamien aux années de guerres avec la Cambodge et la Chine 1979-80 ont fortement baisé selon le tableau 1.2. On peut expliquer cette chute par diverses raisons, notamment la chute rapide de la production de toute l'économie, les difficultés de collection fiscale pendant les guerres, l'apparition de l'inflation élevée et le niveau des recettes fiscales sur le PIB déjà très élevé en 1976-78 après les trente ans de guerre 1945-75. En outre, il faut compter l'augmentation forte de l'aide soviétique pendant les deux ans 1979-80.
            Le redressement très fort des recettes budgétaires en termes réels depuis 1981 est une preuve. En fait, après les guerres, bien que les tensions militaires soient encore permanentes, mais le risque du retour de guerre n'existe plus, par conséquent, avec d'autres politiques de stimuler l'économie, la production se développe rapidement et cela provoque l'augmentation très rapide de recettes budgétaires. L'aide soviétique, comme l'indique le graphique 1.2, chute rapidement depuis 1981.
            La guerre a créé un grand changement dans la structure des recettes fiscales en termes nominaux et réels. En termes nominaux, la part des recettes budgétaires provenue du secteur public a monté de 78,4% en 1976 à 80-81,4% en 1977-79, c'est à dire il y a une augmentation, bien que faible. En termes réels, on trouve que les recettes budgétaires de ce secteur augmente de 30% après 4 ans (de 0,4 milliards de dông en 1976 à 0,52 milliards de dông en 1979) alors que le prix dans ce secteur n'augmente que de 7,9% pendant les quatre ans 1976-1979, les recettes budgétaires en termes réels à partir du secteur public augmente donc de 20,5% dans la même période (bien que la production est en baisse). Voici un taux de croissance rapide en termes de matériaux naturaux. Ainsi, la guerre a créé un taux de mobilisation fiscale plus élevé dans le secteur public du Viêt-nam, conformément à la théorie de Peacock et Wiseman.
            Cependant, les chocs de guerres ont fait chuter soudainement le taux de prélèvement public à partir du secteur privé, surtout dans l'artisanat et dans l'agriculture. Si les recettes budgétaires nominales à partir de ces secteurs ont doublé après 4 ans (voir tableau 1), ses valeur réelle a baissé de 202%. Voici la conséquence de la politique fiscale de l'Etat vietnamien à l'époque: ne s'intéresser pas à collectionner l'impôt à partir du secteur privé.
            En effet, on peut résumer la politique du prélèvement public du gouvernement vietnamien afin de servir la guerre comme suit: 1) Concentrer le prélèvement sur le secteur économique public pour produire les équipements de guerre et les biens de consommation servis à l'armée, réserver une partie des biens de consommation pour échanger les vivres et l'alimentation servis à l'armée, 2) Mobiliser les vivres et l'alimentation aux mains de l'Etat. En réalité, comme la production agricole chute sérieusement en cette période, l'Etat applique très souvent la forme de la mobilisation forcée envers la production agricole, surtout pour collectionner les vivres. Ainsi, le taux de mobilisation fiscale du secteur agricole est très élevé dans cette période par rapport à la période 1981-86 (tableau 1.8). Le taux fiscal de l'agriculture de 1-1,2% du PIB est parmi les taux les plus élevés de toute la période 1976-95. Même depuis 1985, notamment 1989, après les guerres, le paysan vietnamien doit encore financer un grand nombre de fonds, y compris le fonds pour la défense nationale géré par le comité de la commune, selon le Ministère de l'Agriculture, les ressources mobilisées (supplémentaires) seraient souvent d'un montant similaire à celui de la taxe agricole[32]
            Pendant la période suivante (1980-84), bien que les guerres ne se soient plus produites dans le territoire du Viêt-nam, l'armée vietnamienne demeure toujours au Cambodge et la guerre était permanente. D'autre part, les tensions militaires avec la Chine au Nord étaient également permanentes. Pourtant, le danger d'une grande guerre n'est plus véritable, donc, les pressions de prélèvement public ont baissé. La proportion fiscale à partir du secteur public diminuait graduellement, elle a passé de 80% en 1979 à 70,9% en 1984. En termes nominaux, les recettes augmentent de 0,52 milliards de dông à 6,81 milliards de dông, c'est à dire 13,1 fois, mais le prix augmente de 5,8 fois, donc les recettes budgétaires à partir du secteur public augmente 2,25 fois en termes réels.
            Par contre, la part du secteur privé, notamment l'industrie privée, a bien augmenté grâce à la mise en oeuvre de la nouvelle politique fiscale envers ce secteur. La valeur nominale des recettes fiscales de ce secteur augmente de 0,05 milliards de dông à 1,24 milliards de dông (1984 contre 1979), c'est à dire 24,8 fois, alors que le prix augmente de 13 fois, les recettes fiscales en termes réels augmentent donc de 1,9 fois, inférieur au taux de croissance du secteur public, mais bien supérieur à celui de la période précédente.
            Ainsi, durant la période de guerres 1976-84, la contribution en termes réels du secteur public au budget de l'Etat vietnamien augmente plus vite que celle du secteur privé, bien qu'en termes nominaux, on voit une évolution inverse à cause du fait que l'inflation dans le secteur public est très inférieur à celle dans le secteur privé.
            Depuis 1985, les tensions militaires ont clairement baissé, donc, on a vu une chute correspondantement le taux du prélèvement public. Bien sûr, il existait d'autres raisons pour expliquer cette chute considérable, mais la baisse importante des demandes du gouvernement pour servir la demande militaire est un facteur explicatif très décisif. Spécialement, dans les années 1986-89, le Viêt-nam a graduellement retiré tous ses troupes armés du Cambodge, ensuite depuis 1990, après les négociations de paix et l'accord de normalisation avec la Chine, le gouvernement vietnamien a pu diminuer environ 60% de ses dépenses militaires, démobiliser une demie millions de soldats et transférer un ratio important de soldats dans la construction économique[33].
            En bref, on a trouvé une influence positive des guerres et des tensions militaires sur les recettes fiscales du Viêt-nam depuis 1976 jusqu'en 1991. Durant les périodes de guerres, le taux de prélèvement public est très élevé, il serait encore plus élevé s'il est ajusté par le taux d'inflation du secteur public, non par l'inflation général de l'économie. En revanche, lorsque les tensions militaires sont en baisse, ce ratio chute également. De plus, pour servir la demande des guerres, l'Etat vietnamien s'est basé presque uniquement sur le secteur économique public et un peu sur le secteur agricole. Plusieurs rapports du gouvernement à l'époque estime que la faible efficacité de la production agricole et du secteur privé ainsi que les contraintes structurelles et conjoncturelles ne permettent pas à l'Etat vietnamien d'augmenter le prélèvement fiscale sur le secteur privé, surtout une population rurale déjà soufferte des conséquences cruelles de la guerre, de l'embargo et des sanctions économiques[34].
           
Conclusion: l'économie vietnamienne doit supporter non seulement les conséquences très lourdes de deux grandes guerres depuis 1945 jusqu'en 1975, mais aussi des nouvelles guerres et tensions militaires consécutives depuis cette date jusqu'en 1989, ce qui a posé une demande financière à la défense très importante et elle occupait une proportion extrêmement élevée dans la valeur totale des dépenses publiques du Viêt-nam. Par conséquence, la demande de prélèvement public devient très importante, le taux de prélèvement public a augmenté d'après les variations de guerres et de tensions militaires. Plusieurs politiques du prélèvement public appliquées à l'époque ont pour but d'augmenter les recettes budgétaires pour servir ces guerres et tensions militaires. Ainsi, la guerre est un facteur d'augmenter les recettes budgétaires du Viêt-nam.


[1] Weber L. (1978) "L'analyse économique des dépenses publiques", PUF, Paris, p.17; ...
[2] Keynes J.M. (1936) "The General Theory of Employment, Interest and Money", Edition 1991, Macmillan Cambridge University Press, Vol. VII.
[3] Vo Dai (1991) "Lutter contre l'Inflation et le Processus de la Rénovation du Vietnam", Ed. des Sciences Sociales, Hanoi, Vietnam, pp. 52, 54. Luoc V.D. (1992) "Curbing inflation and the Processus of Economic Renovation in Vietnam", Social Sciences Publishing, Hanoi, Viatnam.
[4] Delorme R. et André C. (1983) "L'Etat et l'Economie", Edi. Seuil, Paris, p.44; repris dans Naderan E. (1996) "Les facteurs de la mobilisation fiscale en Iran", Thèse au CERDI, p. 106.
[5] Delorme R. et André C. (1983) "L'Etat et l'Economie", Edi. Seuil, Paris, p.44
[6] Laufenburger H. (1944) "Crédit public et finances de guerre (Allemagne, France, Grande-Bretagne et Etats-Unis", 1914-1944", Librairie de Médicis, Paris, p.29
[7] Wiseman J. (1980) "Comparative Aspects of the Taxation of Business in The United Kingdom and Germany", Anglo-Germany Foundation, London, p.101
[8] Manzini A. (1992) "La taille du secteur public", dans Weber L. (1992) "Les finances publiques d'un Etat fédératif: la Suisse", Economica, p.55, repris dans Naderan E. (1996) "Les facteurs de la mobilisation fiscale en Iran", Thèse au CERDI, p. 107.
[9] Peacock A. T. et Wiseman J. (1961) "The Growth of Public Expenditure in the United Kingdom", London, George Allen and Unwin op. cit., p.xxviii
[10] Timuss R.M.  (1950) "Problem of Social Policy", in History of Second World War, Civil Series, London, chapter XV.
[11] Peacock A. T. et Wiseman J. (1961), op. cit. p.xxi.
[12] Peacock A. T. et Wiseman J. (1961), op. cit. p.xxi.
[13] Delorme R. et André C. (1983) "L'Etat et l'Economie", Edi. Seuil, Paris, p.110; Naderan E. (1996) "Les facteurs de la mobilisation fiscale en Iran", Thèse au CERDI, p. 108.
[14] Naderan E. (1996) "Les facteurs de la mobilisation fiscale en Iran", Thèse au CERDI, p. 107.
[15] Peacock A.T. (1979) "The Economic Analysis of Government", London, Martin Roberston, Chapter 7. Peacock A. T. et Wiseman J. (1961), chapter Introduction and chapters 1, 2.
[16] Diamond J. (1977) "Econometric Testing of the "Displacement Effect": A Reconsideration", Finanzarchive, Band 35, Heft 3, p.389.
[17] Peacock A. T. et Wiseman J. (1961) "The Growth of Public Expenditure in the United Kingdom", London, George Allen and Unwin, p.xxiv.
[18] Peacock A. T. et Wiseman J. (1961), op. cit. p. 27
[19] Peacock A. T. et Wiseman J. (1979) "Approche to the Analysis of Government Expenditure Growth", Public Finance Quartely, Vol. 7, N°1, pp. 1-23. et Peacock A. T. et Wiseman J. (1961), op. cit. p.xxiv.
[20] Peacock A. T. et Wiseman J. (1961) "The Past and Future of Public Spending", Lloyds Bank Review, avril, 1961, p.11-14
[21] Peacock A. T. et Wiseman J. (1961) "The Growth of Public Expenditure in the United Kingdom", London, Princeton University Press et Oxfort University Press, p.xxiv.
[22] Peacock A. T. et Wiseman J. (1961) "The Growth of Public Expenditure in the United Kingdom", London, Princeton University Press et Oxfort University Press, p.xxvii.
[23] Peacock A. T. et Wiseman J. (1961), op. cit. p. xxvii
[24] Peacock A. T. et Wiseman J. (1961), op. cit. p. xxiv
[25] Peacock A. T. et Wiseman J. (1961), op. cit. p. 27. Peacock A.T. and Shaw GK. (1976) "The Economic Theory of Fiscal Policy", St. Martin's Press, New York
[26] Kornai J. (1980) "The Economics of Shortage", Amsterdam, North Holland
[27] McKinnon R.I. (1993) "The Order of Economic Liberalization - Financial Control in the Transition to a Market Economy", Second Edition, The Johns Hopkins University Press, Chapitre 12.
[28] Voir la section 2, paragraphe 2 de cette thèse
[29] Pomonti J.C. (1997) "Le retour de Douglas "Pete" Peterson", Le Monde 24 Mai, 1997 et ses nombreuses articles concernant le Vietnam dans "Le Monde" pendant la période 1989-1997.
[30] Azam J.P. (1995) "Le Vietnam en transition: Stabilisation et Croissance", Rapport pour le Centre de Développement de l'OCDE, Document au CERDI, p.2
[31] Vo Dai (1991), op. cit., p. 54
[32] Bonjean C.A. et Chambas G. (1995) "Taxe Foncière, Taxe à l'Exportation: l'Expérience vietnamienne est-elle transposable en Afrique ?" Revue Tiers Monde, t.XXXVI, N°144, Octobre-Décembre, p.736
[33] World Bank (1992) "Restructuring Public Finance and Public Enterprises", Economic Report, 15 Avril.
[34] Comité d'Etat au Plan du Vietnam, reprise dans World Bank (1991)

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