Thứ Ba, 28 tháng 8, 2012

(2) LES ORIGINES DE L'INFLATION DU VIETNAM D'APRES L'APPROCHE MONETARISTE



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chapitre 1: les facteurs determinants des recettes publiques du vietnam
                       
         Nous étudierons dans les deux premiers chapitres, le système et la politique budgétaire du Viêt-nam pour tenter de montrer que ses difficultés financières permanentes sont une source majeure du déficit budgétaire et de l'inflation au Viêt-nam selon l'approche monétariste.
            En fait, il existe une abondance d'études théoriques et empiriques internationales sur l'effet des activités budgétaires sur l'inflation, surtout lors de l'inflation élevée. Un bon nombre d'économistes ont le point de vue commun que l'inflation élevée est le résultat du déficit budgétaire, si le gouvernement dépense plus qu'il collectionne l'impôt, le déficit est financé par l'émission monétaire, trop de monnaie chasse peu de marchandises avec le résultat prédicable d'inflation[1]. La cause principale de l'inflation réside bien dans le déficit budgétaire, le gouvernement se trouve dans l'obligation d'augmenter ses dépenses alors qu'il n'est pas en mesure d'augmenter officiellement les impôts, il doit donc financer son déficit par l'émission monétaire qui crée l'inflation[2]. L'inflation rapide est presque toujours un phénomène budgétaire[3]. L'inflation élevée se développe sous des déficits budgétaires élevée[4]...
            Il existe, au Viêt-nam, un déficit budgétaire permanent de l'Etat pendant toute la longue période depuis la réunification du pays en 1976. Plus important, et comme on le verra dans le chapitre suivant, la valeur de ce déficit par rapport au produit intérieur brut (PIB) est toujours au niveau très élevé au cours de la période 1976-1991 où sévit l'inflation élevée.
            La question qui nous intéresse ici est de savoir comment ce déficit budgétaire important se crée au Viêt-nam au cours des années de l'inflation élevée et pourquoi il se réduite rapidement depuis les grandes réformes économiques commencées en 1989. Pour répondre cette question, d'abord, dans un premier chapitre, nous allons analyser les causes de la faiblesse et de l'amélioration des recettes budgétaires du gouvernement vietnamien. En suite, dans un deuxième chapitre, nous examinerons les causes de l'évolution de ses dépenses.

section i -  L'évolution des recettes budgétaires du Vietnam et la
                    comparaison avec celle d'autres pays en développement


            Avant de chercher les causes des changements des recettes publiques du Viêt-nam, nous présenterons dans une première section, l'évolution du niveau, de la structure de ces recettes et quelques comparaisons avec d'autres pays en développement.

            I. L'évolution du niveau des recettes BUDGETAIRES

            Apprécier si le niveau du prélèvement public du Viêt-nam, c'est à dire l'ensemble des prélèvements fiscaux et non-fiscaux de l'Etat, est favorable au développement des échanges, n'est pas aisé[5]. Diverses raisons peuvent être citées telles que le système de la statistique du Viêt-nam n'est pas précise et homogène[6]. Le Viêt-nam ne publie pas systématiquement les données statistiques concernant le système de comptabilité nationale et les données détaillées sur le financement public; notamment, les informations officielles sont souvent incomplètes et modifiées[7]. Il n'existe presque pas de données statistiques et documents économiques en anglais publiés au Viêt-nam[8]. Les statistiques en valeur, économiques et financières, sont incomplètes, paraissent peu fiables et sont disponibles avec retard; les informations sont dispersées entre les diverses institutions gouvernementales et les communications d'information de ministère à ministère semble difficiles[9]. Les données publiées par le Fonds Monétaire International et la Banque Mondiale sont donc souvent différentes à celles offertes par des organismes vietnamiens[10]. Le prélèvement public a considérablement changé de nature ou les prélèvements fiscaux au niveau local ne sont pas comptabilisés de manière exhaustive, surtout les taxes concernant les produits agricoles[11]. En bref, les lacunes statistiques les plus évidentes concernent les finances de l'Etat (et de manière plus générale du secteur public) et la balance des paiements[12]. Dans le contexte de l'inflation élevée du Viêt-nam, l'utilisation des indicateurs de valeur nominale perd toute leur significacité, donc dans cette thèse, nous retenons comme l'indicateur des recettes budgétaires le ratio du prélèvement public par rapport au produit intérieur brut (PIB). Cet indicateur mesure l'importance relative du prélèvement public par rapport à la richesse produite d'un pays[13]. Il nous permet également de comparer l'évolution du niveau des recettes budgétaires du Viêt-nam avec d'autres pays en voie du développement (PVD).
            Le tableau 1.1 et le graphique 1.1 ci-dessous nous permettent de mettre en évidence une analyse globale du prélèvement public du Viêt-nam depuis sa réunification du pays en 1976. A partir de ce graphique, au côté de reconnaître une forte instabilité du ratio des recettes budgétaires du gouvernement vietnamien, on peut avoir quelques autres remarques suivantes:

            Tableau 1.1: Le taux de prélèvement public par rapport au PIB (%)
  Année
   Taux
  Année
   Taux
  Année
   Taux
  Année
   Taux
   1976
    25,5
   1981
   21,6
   1986
   16,1
   1991
   13,5
   1977
    26,8
   1982
   23,0
   1987
   15,5
   1992
   19,0
   1978
    25,8
   1983
   24,8
   1988
   12,2
   1993
   22,3
   1979
    22,8
   1984
   25,7
   1989
   13,9
   1994
   24,7
   1980
    20,0
   1985
   19,1
   1990
   15,5
   1995
   23,4
Source: - Vietnamese Financial Economic Data 1955-1986, General Statistical Office, Viêt-nam
            - Statistical Yearbook, 1995, et - Ministère des Finances du Viêt-nam
           
            Graphique 1.1 : Evolution du taux des recettes budgétaires du Viêt-nam (%)
       
            - Les pressions fiscales étaient importantes au Viêt-nam au cours des années de la planification centralisée car le poids des prélèvements publics (implicites par les transferts du revenu des entreprises publiques et du secteur parapublic ou explicites par la taxation imposée au secteur privé) dans le PIB était assez grand. Il a été en moyenne de 26% dans la période 1976-78 et de 22,9% dans la période 1979-84. Durant la période 1976-84, le taux de prélèvement public a baissé au niveau historiquement bas de 20% en 1980, mais il se redresse pour atteindre 25,7% en 1984, c'est à dire équivalent au niveau au début de la période (l'année 1976)[14]. On trouve également que la chute du taux de prélèvement dans cette période n'est pas très grande et ses variations s'attachent aux variations du taux de croissance (1976-80).
            - Cependant, lors de la mise en oeuvre de grandes réformes économiques datées 1985, le taux de prélèvement public par rapport au PIB a baissé brutalement. Il passe ainsi de 25,7% du PIB en 1984 à 19,1% en 1985, 16,1% en 1986 et 12,2% en 1988. Cette période est considérée comme une période spéciale dans l'histoire économique du Viêt-nam avec beaucoup de crises monétaires et budgétaires consécutives. On trouve aussi une chute correspondante du taux de croissance économique durant cette période.
            - Ce taux de prélèvement public demeure au niveau très bas dans les années 1989-91, il ne se redresse que depuis 1992 grâce essentiellement d'abord aux recettes à partir de l'exportation du pétrole brut, ensuite à la mise en oeuvre un nouveau système fiscal, et enfin aux performances de l'économie. Cependant, le taux de prélèvement public s'accroît rapidement, et il revient au niveau 24% en 1994, 1995, c'est à dire un peu près du niveau de la période de planification centralisée. On voit aussi une augmentation assez régulière du taux de croissance économique en cette période.
            Pourtant, selon Haughton (1995), les taux du revenu budgétaire sur le PIB du Viêt-nam peut être sous-évalués par rapport à la contribution réelle des habitants, car il existe deux raisons majeures: d'une part, plusieurs agents organismes fiscaux posent eux-mêmes des taxes non-officielles, réclament la corruption, mais ne font pas les entrer dans le budget, et d'autre part, les ménages doivent contribuer l'impôt sous la forme de natures, telles que la main d'oeuvre pour la construction de route et d'infrastructure, les biens et l'argent pour les construction des écoles ou pour d'autres objectifs[15]. Cependant, selon même auteur, dans d'autres pays en développement, il existe également cette situation, donc les données vietnamiennes sont valables dans la comparaison internationale.
            Pour étudier l'évolution des recettes budgétaires en termes réels (déflatées par l'indice des prix à la consommation), nous utilisons le tableau suivant qui montre les taux de croissance des recettes publiques en termes réels:

            Tableau 1.2: Les variations annuelles des prélèvement public en termes réels (%)
  Année
   Taux
  Année
   Taux
  Année
   Taux
  Année
   Taux
   1976
       ....
   1981
     43,2
   1986
    -49,6
   1991
     -5,2
   1977
      1,2
   1982
     20,4
   1987
     41,3
   1992
     72,7
   1978
     -3,5
   1983
     -1,3
   1988
     -6,7
   1993
     37,9
   1979
    -22,2
   1984
     -1,3
   1989
     64,6
   1994
     20,7
   1980
    -14,0
   1985
      3,3
   1990
     -0,2
   1995
      9,8

            Les données ont bien montré que les recettes budgétaires en termes réels ont sans cesse baissé au cours des années 1978-1980; elles se redressent pendant les deux ans 1981-1982 grâce à la fois au retour de la croissance économique, au changement de la politique de prix (prix du secteur public augmente trois fois après deux ans pour rattraper le prix du marché libre) et à l'amélioration de la politique fiscale dans le secteur économique public[16]. Cependant, elles tombaient tout de suite dans une nouvelle récession qui se prolonge jusqu'en 1991, sauf 1987 et 1989 à cause de la crise du secteur public. Spécialement, la chute légère du revenu budgétaire en termes réels s'attache au retour de l'inflation élevée que nous allons analyser à la fin de la quatrième section[17]. Dans la période 1992-95, le taux de croissance des recettes budgétaires est très élevé, mais il chute aussi rapidement. Il existe également une estimation que durant la période de 1989 à 1994, le revenu fiscal en termes réels augmente presque de 14,5-15% par an[18].

                2. L'évolution de la structure des recettes budgétaires

            Le tableau de la structure des recettes budgétaires du gouvernement vietnamien 1.3 nous donne quelques remarques principales comme suit sur leur évolution:

 Tableau 1.3: La composition des recettes budgétaires (milliards de dông, prix courant)
                  Volume des recettes par secteurs              Structure par secteurs (%)

Année
Recettes
budgétaires
totales
Secteur
 écono.
de l'Etat
 Secteur
privé non
agricole
Secteur
agricole
Com-merce
extérieur
Secteur
 écono.
de l'Etat
 Secteur
privé non
agricole
Secteur
agricole
Com-merce
extérieur
 1976
        0,51
   0,4
    0,04
   0,02
      0
     78,4
     7,8
     3,9
      0
 1977
        0,59
   0,48
    0,05
   0,02
      0
     81,4
     8,5
     3,4
      0
 1978
        0,67
   0,54
    0,04
   0,03
      0
     80,6
     6,0
     4,5
      0
 1979
        0,65
   0,52
    0,05
   0,03
      0
     80,0
     7,7
     4,6
      0
 1980
        0,68
   0,50
    0,08
   0,04
      0
     73,5
    11,8
     5,9
      0
 1981
        1,72
   1,37
    0,20
   0,06
    0,02
     79,7
    11,6
     3,5
     1,2
 1982
        4,04
   3,0
    0,45
   0,25
    0,03
     74,3
    11,1
     6,2
     0,7
 1983
        5,9
   4,18
    0,92
   0,32
    0,11
     70,8
    15,6
     5,4
     1,9
 1984
        9,6
   6,81
    1,24
   0,43
    0,24
     70,9
    12,9
     4,5
     2,5
 1985
       19
  14,7
    1,94
   0,68
    0,44
     77,4
    10,2
     3,6
     2,3
 1986
       83,7 
  60,4
    7,5
     4
     5,9
     72,2
     9,0
     4,8
     7,0
 1987
       382
   285
   39,7
   15,7
   28,3
     74,6
    10,4
     4,1
     7,4
 1988
      1759
 1185
    215
   109 
    132
     67,4
    12,2
     6,2
     7,5
 1989
      3899
 2392
    428
   308
    363
     61,3
    11,0
     7,9
     9,3
 1990
      6513
 4014
    667
   298
    733
     61,6
    10,2
     4,6
    11,2
 1991
     10353
  6189
  1008
   707
  1099
     59,8
     9,7
     6,8
    10,6
 1992
     21023
 11913
  1992
 1294
  2194
     56,7
     9,5
     6,2
    10,4
 1993
     30500
16089
   3376
 1351
   5900
     52,8
    11,1
     4,4
    19,3
 1994
     42125
20557 
   4512
 1107
 10012
     48,8
    10,7
     2,6
    23,8
 1995
     52150
23073
   6450
 1350
 14750
     44,2
    12,4
     2,6
    28,3
Source:  - Bureau général de la Statistique et Ministère des Finances du Viêt-nam
     - "Viêt-nam - Sttatistical Tables", IMF Staff Country, Report N° 95/93, September 1995.

            - En premier lieu, le Viêt-nam peut être un exemple typique des pays en développement où le gouvernement se repose presque complètement sur quelques centaines entreprises publiques pour collectionner l'impôt[19]. Selon les données du tableau, au cours de la période 1976-1987 sous le système fiscale de planification centralisée, environ trois quarts des recettes budgétaires sont prélevés à partir du secteur économique public, et celles-ci ne sont pas aussi l'impôt, mais le transfert de revenu des entreprises publiques au budget d'Etat, et elles se déterminent sur la capacité de la contribution financière de chaque entreprise[20]. Ce taux baisse au deux tiers durant la période 1988-1990. La propriété des entreprises publiques monopolistes selon les principes de la mode de planification centralisée permet au gouvernement socialiste d'augmenter le prélèvement public correspondant à ses dépenses[21]. Cependant, dans le processus de la transition à l'économie de marché, ce système de l'économie commandée a été effondré au Viêt-nam et l'une de ses conséquences néfastes est la crise du prélèvement public de la période 1985-91[22]. La proportion du secteur des entreprises publiques au budget de l'Etat continue de baisser rapidement durant la période 1992-1995.
            - En deuxième lieu, comme la remarque de Chambas (1993)[23], en raison de la reforme économique mise en oeuvre et des difficultés des entreprises publiques, la contribution relative du secteur public aux recettes budgétaires de l'Etat décline de 74,6% en 1987 à 59,8% en 1991 et 44,2% en 1995 (y compris les taxes sur le pétrole), mais malgré un développement soutenu et une part croissante dans la production, l'apport relatif du secteur privé aux recettes budgétaires stagne à un niveau très bas. Pour le secteur privé non-agricole, cet apport varie de 11,8% en 1980 à 12,9% en 1984, 10,4% en 1987, 9,7% en 1991 et 12,4% en 1995. Pour le secteur agricole, il chute rapidement de 7,9% en 1989 à 2,6% en 1994, 1995.
            - Enfin, le redressement rapide du taux de prélèvement public dépend uniquement de la taxation du secteur du commerce extérieur y compris la taxation sur l'exportation du pétrole. Sa contribution dans les recettes budgétaires a progressé de 7-7,5% dans la période 1986-88 à 10,6% en 1991 et 28,3% en 1995, c'est à dire qu'il y a un accroissement formidable grâce à l'expansion rapide du commerce extérieur. De plus, sa valeur relative s'accroît de façon presque continuelle depuis la mise en oeuvre de la politique de la taxation sur le commerce extérieur en 1981[24]. Cependant, la dépendance du prélèvement public au secteur du commerce extérieur risque de baisser la compétivité du secteur des biens échangeables et de créer l'instabilité dans les ressources fiscales futures[25].
            Ainsi, on peut tirer une conclusion que malgré l'effort considérable engagé depuis la fin des années quatre-vingt pour mettre sur pied un système fiscal adapté à une économie de marché, la fiscalité de la logique de marché ne parvient pas car la part des prélèvements publics à partir du secteur économique privé non-agricole est toujours stable au niveau très bas[26] (10-12% du total du prélèvement pendant la période 1987-95). Au contraire, la contribution du secteur des entreprises publiques chute fortement et elle est compensée par l'augmentation des recettes fiscales à partir du secteur du commerce extérieur. Pour la conséquence inflationniste, Chambas (1993)[27] estime que si le gouvernement vietnamien ne parvient pas dans l'avenir à effectuer un prélèvement fiscal suffisant sur le secteur privé en expansion relativement rapide, il connaîtra une dégradation de l'équilibre de ses finances publiques: le prélèvement sur les entreprises publiques diminue tandis que les ressources provenant de la taxation du pétrole (et d'autres produits exportateurs et importateurs) sont sensibles à la conjoncture internationale, et par là, très instables. En revanche, si le prélèvement public sur le secteur privé devenait plus substantiel, l'Etat disposerait de ressources plus stables pour assurer l'équilibre des finances publiques. De manière concomitante, le produit de la fiscalité sur le pétrole devrait alors être géré de manière à éviter des tensions inflationnistes internes défavorables à la compétivité économique ("syndrome hollandais").

            3. La comparaison de la mobilisation des recettes
               budgétaires du Vietnam avec celle d'autres
               pays en développement

            Pour apprécier les performances de la mobilisation des recettes fiscales du gouvernement vietnamien, nous comparons dans ce paragraphe, le taux de prélèvement public du Viêt-nam avec ceux de l'ensemble des pays en développement.
            Il existe peu abondance des comparaison internationales envers le taux des recettes budgétaires du Viêt-nam avec d'autres pays en développement. De plus, toutes ces études sont réalisées avec les données vietnamiennes depuis 1986, surtout 1989. En fait, seulement à partir de ces dates, l'économie vietnamienne commence à passer vraiment et rapidement à l'économie de marché et ses données statistiques sont calculées selon les principes du système de comptabilité nationale de l'économie de marché. Enfin, la plupart des études internationales se sont réalisées en période 1990-1993 lorsque le Viêt-nam commence à coopérer avec les organisations financières internationales.
            Il se peut que tous rapports internationaux concernant le taux de prélèvement par rapport au PIB du Viêt-nam soient d'accord que ce taux au Viêt-nam est extrêmement faible durant la période de transition vers l'économie de marché, notamment en 1988, où le taux n'est que de 12,2%[28]. Chambas (1993) trouve que si on retient une estimation à partir des comptes nationaux vietnamiens, le taux de prélèvement public s'établit à 15% (14,3% selon notre chiffre) pour 1989-91, c'est à dire à un niveau moyen par rapport à des pays en développement voisins ou de niveau de développement comparable. Mais si on accorde quelques crédits à une estimation du PIB par tête de 200 $US au lieu de 120 $US[29], le taux de prélèvement s'établit à environ 9% du PIB, c'est à dire à un niveau particulièrement faible. On peut encore noter le niveau faible du prélèvement public par rapport au PIB si on ne tient pas compte de la taxation du pétrole[30].
            Cependant, fidèle à des ressources d'information officielle du gouvernement vietnamien, qui s'approche de plus en plus aux données citées dans des documents internationaux, on utilise les données financières du Département Général de la Statistique du Viêt-nam dans la comparaison avec les pays en développement. Les taux de prélèvement public sur le PIB de ces derniers sont reportés dans le tableau 1.4.

            Tableau 1.4: Comparaison du taux de prélèvement public du Viêt-nam
                                    avec d'autres pays en développement (% du PIB)
               Groupe des pays
 1975-1976
 1980-1981
 1986-1987
 1988-1989
Ensemble des PVD
        21,5
            21,4
          20,6
          20,4
  - Pays à revenu intermédiaire
          na
            25,0
          23,7
          23,3
  - Pays à faible revenu
          na
           16,5
          16
          16
  - Asie
        14,9
           19,7
          18,7
          18,5
  - Afrique au Sud du Sahara
        17,2
           19,7
          19,3
          19,1
  - Amérique Latine
        17,7 
           21,1
          21,8
          21,3
  - Moyen - Orient
        40,8
           38,1
          29,5
          29,7
  - Pays pétroliers
          na
           26,9
          20,7 
          17,7
    Viet nam
        25,5
           20,8
          15,8
          13,0
Sources: FMI, Government Finance Statistics (GFS), International Financial Statistics (IFS),
              Banque Mondiale, PNUD African Economic and Financial Data, 1992,
             Chambas G. "Fiscalité et Développement en Afrique Subsaharienne, Economica, 1994.  Quelques données sont reprises de Naderan E. (1996) "Les facteurs de la mobilisation fiscale en Iran", Thèse au CERDI, 1996. Ces données dans ce tableau et d'autres tableaux concernant le budget de l'Etat représentent l'activité budgétaire du gouvernement central (sauf le Viêt-nam et quelques pays), cependant, comme l'évaluation de Haughton[31], les recettes et dépenses budgétaires du gouvernement central de la plupart des pays en développement occupent presque tous les revenus et dépenses budgétaires, donc, on peut comparer les données vietnamiennes avec celles d'autres pays en développement. La Banque Mondiale (1991,93) évalue également que le PIB et le PNB du Viêt-nam à l'époque sont essentiellement égaux.

            Les comparaisons effectuées pour les années clés depuis 1976 jusqu'à 1995 nous permettent de relever les remarques suivantes:
            - Au cours des années 1976-84, le Viêt-nam a généralement réalisé un taux de prélèvement public supérieur à celui de l'ensemble des pays en développement. En suite, dans la période de crises d'inflation 1985-91, ce taux baisse spectaculairement et devient très inférieur à celui des pays en développement. Enfin, depuis 1992, il se redresse pour revenir au niveau d'auparavant, c'est à dire supérieur à celui des pays en développement.
            - Au cours de la période de crises économiques 1985-91, le taux de prélèvement public du Viêt-nam reste au niveau des pays en développement à revenu faible. Au contraire, pendant les années de l'économie de planification centralisée (1976-1984) et celles de l'économie de marché (sous l'orientation socialiste, depuis 1992), le taux de prélèvement public du Viêt-nam est équivalent à celui du groupe des pays à revenu intermédiaire, malgré le faible revenu par tête du Viêt-nam[32].
            - Lors de la comparaison avec la région asiatique, on trouve une situation similaire, le taux de prélèvement public du Viêt-nam est toujours supérieur au niveau régional, sauf dans les années de crises économiques 1985-91 où il ne se trouve qu'au niveau des pays à faible revenu de la région. Spécialement, ce taux du Viêt-nam atteint au niveau 24% par an pour les années 1994, 1995 contre 16-19% de l'ensemble des pays en développement asiatiques. Pour avoir une comparaison plus détaillée, nous utilisons le tableau 1.5:

            Tableau 1.5: Comparaison des taux de recettes budgétaires
                                du gouvernement central de l'Asie (%/PIB)
    Pays Asiatiques
     1976
    1980
1985
     1987
   1990
   1993
Ensemble
     15,06
      16,1 
     17,23
     17,39
     na
    na
 - Bangladesh
        8,6
      11,43     
      9,46 
       na
     na
    na
 - Inde
     12,79
      11,86
     13,77
     14,43
   13,51
  13,56
 - Indonésie
     18,15
      21,40
     20,67
     19,19
   19,44
  16,48
 - Corée
     17,15
      18,02
     16,97
     16,64
   17,87
  19,0
 - Malaisie
     21,82
      26,35
     30,15
     25,43
   27,14
  28,01
 - Myanmar
     11,95
      16,00
     13,61
     10,48
   10,56
   7,78
 - Népal
      6,25
       7,83
      8,28
      9,05
     8,48
   8,18
 - Pakistan
     13,61
      16,27
     16,17
     17,29
   19,14
  18,09
 - Philippines
     13,23
      12,90
     11,99
     14,87
   16,56
  17,56
 - Singapour
     23,32
      25,31
     37,92
     30,59
   31,04
  35,14
 - Srilanca
     17,68
      20,21
     22,32
     21,42
   21,12
  19,71
 - Thaïlande
     12,55
      14,96
     15,09
     15,66
   19,2
  18,45
  Viêt-nam
     25,5
      20,0
     19,1
      15,5
    15,5
  22,3
Sources: - FMI, International Financial Statistics, Yearbook 1989, p.158, pour 1976, 1980,
     - FMI, Government Finance Statistics, Yearbook, 1995, pour 1985, 1987, 1990 et 1993.

            - Comparer le Viêt-nam avec certains pays asiatiques en développement, on trouve que durant les période de développement avant 1985 et après 1991, le taux de prélèvement public du Viêt-nam est supérieur à ceux du Bangladesh, de l'Inde, du Pakistan, de la Birmanie, de l'Indonésie, de la Corée du Sud, des Philippines et de la Thaïlande. Par contre, ce taux du Viêt-nam est inférieur à ceux du Singapour et de la Malaisie, il est équivalent à celui de Srilanka.
            - Même dans la période de crise 1985-91, le taux des recettes budgétaires du gouvernement vietnamien est généralement supérieur à certains pays asiatiques à même niveau du développement, comme le Bangladesh, la Birmanie, ou le Népal. Il est aussi équivalent à celui de l'Inde et de l'Indonésie. Ces conclusions sont compatibles à celles de la Banque Mondiale[33].
            Ainsi, au niveau de la collection de l'impôt, les efforts du gouvernement vietnamien sont élevés. Malheureusement, cette quantité fiscale a été utilisée inefficacement au point de vue économique comme nous allons l'analyser dans le chapitre II.
            Après avoir examiné l'évolution du prélèvement public du Viêt-nam, nous analyserons dans les sections suivantes les trois causes principales de cette évolution: les guerres et tensions militaires, la transition économique vers l'économie de marché et le rôle de l'inflation et du revenu pétrolier.


[1] Dornbusch R. (1992) "Lessons from Experiences with High Inflation", The World Bank Economic Review, Vol 6, N°1, p.18
[2] Friedman M. (1968) "Inflation et systèmes monétaires", Calmann-Lévy, Ed. 1976, p.50
[3] Fischer S. (1989) "The economics of the government budget contraint", The World Bank, PPR Working Papers, WPS 224, May, p.2
[4] Leiderman L. (1993) "Overview: The main lessons", dans Leiderman L. Ed. "Inflation and Desinflation - the Israeli Experience", The University of Chicago Press, Chicago, p.4 et p.9
[5] Chambas G. (1993) "Les incitations fiscales et douanières (du Vietnam)", dans "Vietnam - Une politique économique pour la transition vers une économie de marché", sous la direction de Guillaumont P. et De Melo J.,  Document au CERDI, Septembre 1993, p. 92
[6] Guillaumont P. et De Melo (1993, sous la direction), "Vietnam - Une politique économique pour la transition vers une économie de marché", Document au CERDI, Septembre, p. 20. On peut trouver cette remarque dans plusieurs autres travaux internationaux sur l'économie vietnamienne.
[7] Viet V.Q. (1997) "Vietnamese Economy on the Way of Development", Ho Chi Minh  City Editions and Saigon Economic Time Publication.
[8] Wood A. "Deceleration of inflation with acceleration of price reforme: vietnam's remarkable recent experience", Cambridge Journal of Economics, Volume 13, Number 4, December 1989, p 564.
[9] Guillaumont S. (1993) "La Politique Macroéconomique Nécessaire à l'Ouverture sur l'Extérieur et à la Croissance de l'Economie Vietnamienne", dans Guillaumont P. et De Melo (1993, sous la direction), "Vietnam - Une Politique Economique pour la Transition vers une Economie Ouverte", p.20
[10] Kokko Ari et Zejan M. (1996), "Vietnam towards to next step of reform", Stockholm Economic University, 9/1996.
[11] Chambas G. (1993), op. cit. p.93.
[12] Guillaumont S. (1993), op. cit. p.20
[13] Naderan E. (1996) "Les facteurs de la mobilisation fiscale en Iran", Thèse au CERDI, p. 9
[14] Si on détermine le taux fiscale comme la valeur totale du prélèvement public sur le revenu national productif défini dans la statistique socialiste (il ne compte pas la contribution du service), ce taux est de 34% en 1976, 36,5% en 1977, 34,9% en 1978, 30,3% en 1979, 26,2% en 1980, 28,4% en 1981, 30,1% en 1982, 32,6% en 1983, 33,9% en 1984, 25,1% en 1985 et 22,1% en 1986, source:  Vietnamese Financial Economic Data 1976-1986, General Statistical Office, Vietnam.
[15] Haughton J.H. (1995) "Public Finance Policy", chapter 4, in "On the Direction of Dragons", Harvard Institute for the International Development (HIID).
[16] Hao V.V. (1993) "Rénovation de la Politique et du  Mécanisme de Gestion Financière", Editions de la Politique Nationale, Hanoi, p.36
[17] Effet de Tanzi, Voir Tanzi V. (1977) "Inflation, Lags in Collection and the Real value of Tax Revenue", SP IMF, Vol. 24
[18] Fforde Adam et Goldstone A. (1995), "Vietnam to 2005", The Economist Intelligence Unit, p.32; Fforde A. (1995) "Vietnam: Economic Commentary and Analysis", N°6, Avril, p.54
[19] World Bank (1991) "Vietnam: Reforms of the National Financial System et of State Owned Enterprises", Report to Vietnamise Governement, 17 December, 1991; World Bank (1993) "Vietnam : Transition to the Market", Economic Report at Paris Conference on Aid for Vietnam, November.
[20] Fforde Adam et Goldstone A. (1995), op. cit. p.31
[21] Kornai J. (1980) "The Economics of Shortage", Amsterdam, North Holland; McKinnon R.I. (1992),"The Order of Economic Libaralization - Financial Control in the Transition to a Market Economy", Second Edition, The Johns Hopkins University Press, Baltimore and London
[22] Irvrin G. (1995) "Vietnam: Assessing the Achievements of Doi Moi", the Journal of Development Studies, Vol. 31, June, London, p. 728
[23] Chambas G. (1993), op. cit. p.95.
[24] Avant 1981, les recettes douanières étaient presque nulles, selon Vietnamese Financial Economic Data 1976-1986, General Statistical Office, Vietnam, p. 14
[25] Tim nguon
[26] Chambas G. (1993), op. cit. p.95.
[27] Chambas G. (1993), op. cit. p.96.
[28] World Bank (1990), "Vietnam - Stabilization and Structural Reforms", Economic Report, N° 8249-VN, World Bank (1991) "Vietnam: Reforms of the National Financial System et of State Owned Enterprises", Report to Vietnamese Governement, 17 December, 1991; Brian Van Arkadie (1992) "Managing the Renewal Process - The cas of Vietnam";  Howell H. Zee (1992) "Vietnam - Limits of Financial Adjustment Mesures on Economic Reforms", IMF Report (1992) "Vietnam - Economic Development Tendencies in Recent Period",
[29] Voir au chapitre 3, section 2, les différentes estimations sur le PIB du Vietnam en USD
[30] Chambas G. (1993), op. cit. p.94. Dans son rapport, il estime que le PIB par tête du Vietnam devrait 200$US au lieu de 120 $USD selon les chiffres officielles du gouvernement vietnamien.
[31] Haughton J.H (1995) op. cit. chapter 4.
[32] World Bank (1995) "World Development Report", et "World Tables". Selon la Banque Mondiale, le Vietnam a un PNB par habitant estimé en 1993 à 170$US,
[33] World Bank (1992) "Restructuring Public Finance and Public Enterprises", Economic Report, 15 Avril.

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